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Les forêts tropicales
Forêts tropicales : un terme désignant divers types forestiers
ø A la surface de notre planète, les principaux climats (climat tempéré, climat équatorial...) ont un rôle majeur sur la répartition des grandes formations végétales ou biomes. En dehors des régions à climat plus extrême (déserts ou semi-déserts, régions arctiques et hautes montagnes), les forêts constituent l'essentiel des biomes présents. En 1995, la F.A.O. (Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture) estimait que les forêts couvraient plus de 3 500 millions d’hectares, soit plus du quart des terres émergées (équivalent au continent américain). Les forêts tropicales couvrent environ 1 700 millions d’hectares, l’équivalent de l’Amérique du Sud.
ø Le terme de « forêt tropicale » désigne toutes les zones boisées situées entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. On distingue divers grands types de forêts tropicales dont les principaux sont les forêts denses humides ou sempervirentes équatoriales, les forêts sèches, les forêts d'altitude, les mangroves ou les savanes arborées.
ø Avant de revenir plus en détail sur les forêts denses humides, habitat de nombreuses espèces de primates, voici quelques informations générales sur les autres types de forêts tropicales, où habitent aussi divers singes :
      · Mangrove sur la lagune de ConkouatiLes forêts sèches subissent une pluviosité allant de 1000 à 1 500 mm par an, avec une période sèche marquée. Elles sont situées dans les régions soudano-guinéenne et zambienne, sur la côte ouest de Madagascar, dans la péninsule indochinoise ou en Amérique tropicale. On distingue les forêts sèches denses, rares, et les forêts sèches claires, les plus fréquentes. Les arbres, à feuilles caduques, dépassent rarement 20 m de haut. Les sous-bois comptent de nombreux arbustes. Ces forêts subissent fréquemment des incendies.
      · Les forêts de montagne sont souvent brumeuses. Le développement sur les arbres de plantes épiphytes (lichens, mousses, broméliacées…) y est très important. Avec l'altitude, la taille des arbres et des feuilles se réduit. Puis le relais est pris par des arbres à feuilles persistantes, comme les conifères. Enfin, sur les hauteurs élevées, la forêt disparaît, remplacée par des formations herbacées et buissonnantes.
      · Les mangroves sont des forêts en eau saumâtre (mélange eau douce / eau salée), en zone soumise aux marées. Elles sont dominées par les palétuviers. Nombre d'espèces d'arbres présentent divers systèmes pour gagner sur l'eau : racines qui descendant des branches pour s'ancrer dans la vase, racines aériennes qui s’alourdissent avec leur croissance pour redescendre vers le sol, germination des fruits sur l’arbre avec production une racine en forme de lame de couteau, fruit flottant… Les mangroves sont un milieu biologiquement très actif.
     Savane après le passge d'un incendie · Les savanes arborées ou arbustives sont parfois difficilement distinguables de certaines forêts claires. Souvent elles ne persistent que grâce aux feux, souvent allumés pour la chasse ou l’agriculture. Cette pratique a amené la sélection d’arbres résistants au feu, dotés d'une écorce très épaisse.
ø Les termes de forêt primaire ou secondaire sont parfois utilisés : ils peuvent s'appliquer à tous types de forêts, tropicales ou non. Théoriquement, une forêt primaire est une forêt ancienne ayant évoluée sans influence de l'homme. Ce type forestier reste peu fréquent, l'archéologie ayant démontré la présence ancienne de l'homme au sein de grandes zones forestières comme l'Amazonie ou le bassin Congo.
La forêt peut recoloniser des zones déboisées par l'homme, notamment pour l'agriculture. Cette nouvelle forêt est constituée d’espèces pionnières à croissance rapide. On parle alors de forêt secondaire. Après plusieurs siècles, elle peut devenir semblable à une forêt primaire.

Forêts denses humides Carte de répartition mondiale des forêts tropicales humides
ø Surface et localisation
Cette carte montre la répartition des forêts tropicales humides. Ces forêts représentent environ 6 % de la surface totale des terres émergées, couvrant près de 1 100 millions de km², en s'étalant sur une bande de 800 à 4 000 km autour de l'équateur. 50% de toutes ces forêts se trouvent dans le bassin amazonien. Les forêts tropicales humides africaines représentent 18% et celles de l'Asie du Sud-Est 32%.
ø Données climatiques
Ce type de forêt ne peut se développer qu'avec des températures élevées et constantes (entre 23°C à 27°C, avec une amplitude thermique maximale de 4°C), des précipitations d'au moins 1500 mm par an (maximun en Colombie avec 10.000mm/an) et une humidité de l'air d'au moins 70%. Enfin, le taux d'évaporation doit être inférieur aux précipitation. La saison sèche ne doit pas être trop marquée.
ø Le sol
Le sol est très pauvre, souvent fortement sableux et avec une couche d'humus très faible. Dans ce type de forêt, grâce notamment aux températures et humidités élevées, le développement au niveau du sol d'organismes tels que les champignons ou bactéries est important. Ces organismes sont responsables de la rapide dégradation des déchets organiques : pas de stockage dans le sol des nutriments, qui sont très vite disponibles et réabsorbés par les plantes. Ce cycle très court des éléments nutritifs explique ce sol très pauvre. Aussi, après déforestation, ce sol est très vite inutilisable, notamment pour l'agriculture !
ø La diversité biologique eléphant de forêt
      ·Ces forêts se caractérisent par leur très importante biodiversité. A elles seules, elles comptent 80 % des insectes, 84 % des reptiles, 91 % des amphibiens, 90 % des primates, près des deux tiers des plantes à fleurs. Elles compteraient près de 50 000 espèces d'arbres ! Mais de nombreuses espèces sont encore inconnues et les inventaires sont loin d’être terminés.
      ·La forêt tropicale humide est un milieu largement dominé par le monde végétal. On n'y voit que du vert ! Observer des animauxs demand
e temps et habitude.
      · Ces forêts se caractérisent aussi par des espèces animales et végétales certes nombreuses mais représentées par peu d'individus. Ainsi, sur un hectare de foret péruvienne, 283 espèces d'arbres ont été repertoriées sur seulement 600 arbres présents. En comparaison, les forêts francaises contiennent en général pas plus de 5 espèces différentes.
      ·Autre particuliarité de ce type de forêt : il existe d'importants liens entre animaux et végétaux. Ainsi, la majorité des espèces végétales ont besoin d'un animal, souvent membre d'une espèce bien précise, pour être pollinisée ou pour voir ses fruits disséminés. A l'inverse, certaines espèces animales, en majorité des insectes, sont inféodées à une espèce végétale, voire à un arbre. Ainsi, la disparition d'une espèce animale ou végétale peut avoir de graves conséquences pour une ou plusieurs autres espèces.
  Exemple d'arbre géant en forêt de Conkouati    · Cette forte diversité biologique s'expliquerait en partie par l'histoire de ces forêts tropicales humides. Ainsi, divers changements climatiques, comme la dernière glaciation il y a environ 18-20 000 ans, ont amené à une réduction et à une fragmentation de cette forêt, remplacée par une savane arborée. Elle n'a pu survivre que fragmentée en îlots, maintenus en des points précis par la présence de conditions climatiques favorables. Chaque îlot de forêt humide a alors évolué indépendamment de l'îlot voisin, avec différenciation de ses propres espèces animales et végétales ; d'où une augmentation du nombre d'espèces. Avec le retour de conditions plus favorables, la forêt humide s'est à nouveau étendue, permettant la jonction des divers îlots et le voisinage de toutes ces espèces dans des blocs forestiers plus grands.
      · Ce phénomène d'extention de la forêt tropicale humide est toujours de mise. Ceci explique la présence de certaines zones de savane "coincées" par la forêt humide. Enfin, certaines zones de savane ne persistent que par l'action de l'homme, qui notamment par les incendies qu'il allume, limite la reconquète naturelle de la forêt humide. A cela s'ajoute la déforestation (voir "menaces sur les forêts tropicales")
ø La structure forestière
      · En forêt tropicale humide, les arbres qui constituent la canopée (le "toit" de la forêt) sont de grande taille, jusqu'à 40 m et plus, parfois agés de plusieurs centaines d'années. Ces arbres empêchent la lumière d’arriver au sol. Les jeunes arbres et arbustes sont donc peu nombreux dans un sous-bois en général assez ouvert.
      ·Par contre, dès qu'un grand arbre tombe, en entrainant souvent d'autres dans sa chute, il se crée une trouée ou chablis. Seront alors favorisées les espèces pionnières, gourmandes en lumière et les herbacées. Circuler dans ces chablis devient alors difficile et ce milieu est hostile au développement de nouveaux arbres. Il faudra des conditions favorables pour permettre à un futur géant de pousser, comme le passage régulier d'animaux ouvrant un passage dans cette marée d'herbacées.
      ·Du sol au sommet de la canopée, les conditions environnementales changent : de plus en plus de lumière, vent plus marqué au sommet, températures moins constantes, variation de l'humidité... Autant de facteurs qui favorisent la création de nombreuses niches écologiques s'étageant du sol à la canopée. Ainsi, une grande part des espèces animales ne vivent pas au sol mais à diverses hauteurs, dans les arbres. Cette diversité de niches écologiques explique aussi la richesse biologique de ces forêts.

Pourquoi les forêts tropicales nous sont-elle vitales ?
ø Le rôle des forêts tropicales dans la protection de l’environnement est multiple : préservation de la diversité biologique, régulation du régime des eaux, maintien des sols, stockage du carbone… Elles sont aussi sources de nourriture, de médicaments, habitat de certaines populations humaines ou élément fondamental de l'économie et de la culture de nombreuses sociétés.Après déforestation, l'érosion des sols peut être intense et rapide
ø Au niveau de la régulation des climat, Les forêts tropicales jouent un rôle essentiel en contribuant à l'équilibre thermique à la surface du globe et en régularisant le cycle des précipitations.
ø Elles limitent aussi l'impact des pluies diluviennes, en ralentissant le ruissellement et en atténuant l'érosion des sols. Les inondations dévastatrices qui ont frappé récemment la Chine et le Bangladesh sont directement liées au déboisement des bassins versants.
ø Ces forêts peuvent aussi, grâce à leurs propriétés de rétention, réduire les risques de sécheresse comme ceux d'inondation.
Sans forêts tropicales, la survie de l'homme sur la planète semble encore plus difficile !

Forêts tropicales : menaces et avenir.
ø Chantier de déforestationDeux menaces principales pèsent sur les forêts tropicales :la déforestation et les changements climatiques.
      · En 15 ans, de 1980 à 1995, 200 millions d'hectares de forêt, près de quatre fois la France, ont été déboisés en Asie, en Afrique, en Amérique latine, l'Asie étant le continent le plus touché. Certains pays sont plus concernés que d'autres. En Côte d'Ivoire, la déforestation a été rapide et élevée : il ne reste plus que 2,2 millions d'hectares de forêts sur une surface originelle de 15 millions d'hectares ; alors qu'au Surinam la forêt occupe encore la presque totalité du territoire. Parmi les trois grands massifs de forêts tropicales humides primaires de la planète, celui du Bassin du Congo (180 millions d'hectares) a subi une dégradation limitée (0,6 % par an) contrairement à celui d'Amazonie brésilienne qui a perdu une superficie égale à celle de la France. La forêt primaire de Bornéo est en voie de disparition.
      · Les causes principales du déboisement sont diverses : recherche de terres agricoles, besoin en bois d'œuvre ou en bois de chauffage, conversion en plantations industrielles, barrages, incendies…
      · Le bois reste la principale source d'énergie dans les pays du sud. En 2010, les besoins mondiaux annuels en bois de chauffage pourraient atteindre 3 milliards de mètres cubes. La demande en bois-énergie, fortement dépendante de la démographie et du faible niveau de développement, devrait continuer à croître dans les régions tropicales, où elle représente déjà 80 % de la consommation de bois et près de 90 % de la consommation énergétique domestique.
    · Selon la F.A.O., d’ici 2010, la demande en bois-matériau devrait augmenter de 40 % en passant de 3,5 à 5 milliards de mètres cubes, avec de fortes disparités selon les régions. Pour les bois tropicaux, la Chine et le Japon sont les plus gros importateurs mondiaux avec 55 % des grumes.
    · Certains modèles climatiques portant sur le "réchauffement global" de la planète prévoient un accroissement moyen de la température de 4° au cours du XXI° siecle. Or, ceci s'accompagnerait d'un accroissement de l'évaporation d'environ 30% mais avec seulement 12% de pluie en plus pour l'Afrique tropicale. De telles conditions seraient défavorables en particulier aux forêts denses humides, qui verraient alors leur surface se réduire et de se fragmenter, phénomène déjà connu de par le passé.
ø Des pistes pour l'avenir
    · La protection intégrale des forêts tropicales ne peut être une solution utilisable partout. La gestion durable et raisonnée de la ressource forestière, en intégrant les besoins des générations actuelles et futures semblent la voie de la sagesse.
    · Divers axes sont possibles :
- Une utilisation rationnelle des ressources forestières ;
- L'amélioration des procédés de production d'énergie à partir du bois et la promotion des énergies renouvelables de substitution, notamment pour répondre aux besoisn d'énergie ;
- Des plantations forestières pour l'approvionnement en bois-matériau à condition de ne pas augmenter le déboisement. En constante augmentation depuis le milieu du XXe siècle, les plantations devraient couvrir le tiers de la consommation mondiale en 2010.
- Le développement de plantations associant espèces forestières et production agricole pourrait apporter une réponse au manque de terre agricole.
- L'amélioration des procédés de récolte, de transformation et de conditionnement pour lutter contre le gaspillage de la matière première.
    · Mais il est reconnu de façon générale, qu'un des freins au développement des programmes de gestion durable de ces forêts tropicales sont les manques de connaissances sur ces forêts (leur divesité, leur évolution, leurs relations avec l'homme..) et de compétences, notamment dans les pays en voie de développement. L'accroissement des connaissances par la recherche et la formation deviennent donc une priorité.
    · Les forêts tropicales sont l'objet d'enjeux politiques importants, et parfois exploitées pour les besoins de pays dits riches ou du nord. Or, les forêts tropicales sont situées essentiellement dans des pays en voie de développement et assurent encore une partie des revenus de millions de personnes. Soixante millions de personnes dépendent entièrement de ces forêts et 12 millions y vivent en permanence. Aussi, leur gestion devra se faire avec l'ensemble de ces populations. C'est aussi un enjeu pour l'avenir.

Les forêts tropicales africaines au sein des forêts africaines
ø Vue dur les forêts du Parc de Conkouati-Douli, au pied du Mayombela République du Congo est un des pays d'Afrique équatoriale qui présente le plus important pourcentage du territoire couvert par la forêt. Ainsi, en 1996, cette dernière représentait encore 67.8 % de la couverture forestière estimée il y a 8000 ans, contre 33.9 % en moyenne en Afrique. Par ailleurs, la République du Congo est à la jonction de deux grands milieux forestiers essentiels :
    · Les forêts denses humides des plaines occidentales africaines, présentes au Gabon et au Cameroun et représentées sur en République du Congo par les massifs du Mayombe et du Chaillu ;
    · La zone du bassin "Congo", forêts humides de basse altitude, qui s'étend en RDC, représentant le massif forestier le plus important du continent africain.
ø Ces écosystèmes congolais, malgré une pression humaine croissante, sont encore relativement intacts et leur protection présente un critère d'urgence moindre. Ceci offre la possibilité d'actions réfléchies, vraiment pertinentes et non conçues dans l'urgence. La protection globale de la forêt africaine équatoriale ne peut donc se faire sans considérer la République du Congo.

En savoir plus
Rainforest Action Network : un site en anglais, pour avoir toute les dernière informations concernant les forêts tropicales. http://membres.lycos.fr/amazonyy/forettropicale.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%AAt_tropicale_humide
Initiative bassin congo : évaluation initiale


 

 

 


© H.E.L.P. International - 2006 // mise à jour le 22/02/2007