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La conservation du chimpanzé commun
Statut
Le chimpanzé commun est inscrit à l'Annexe I de la Convention de Washington, ce qui en rend le commerce et sa détention totalement interdit.
Cette espèce est considérée comme en danger par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), c'est à dire soumise à un fort risque d'extinction en milieu naturel dans un futur proche. La sous-espèce la plus en danger est celle du chimpanzé du Nigéria-Cameroun.

Etat des populations
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La taille des populations décroit de façon alarmante. On estime qu'il existait environ 1 million de chimpanzés. On estime leur nombre à environ 150 000 actuellement, une situation dramatique. Selon l'UICN, cette espèce a disparu du Bénin, du Burkina Faso, du Togo et probablement éteint en Guinée Bissau et au Rawanda
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Les effectifs du Chimpanzé du Nigéria-Cameroun, la sous-espèce la plus menacée, sont de l'ordre de 5 000 individus, ceux de la sous-espèce occidentale, entre 12 et 20 000, celle d'Afrique centrale de l'ordre de 62 000 et celle orientale autour de 96 000.

Menaces pesant sur le chimpanzé
ø Yombé mputé de sa jambe gauche par le collet ayant servi à le capturer bébéLa chasse pour la vente de viande et la vente d'animaux vivants, essentiellement comme animaux de compagnie. Le braconnage est une activité très lucrative et toujours très développée malgré les actions mises en place par les divers gouvernements. Même si dans diverses régions d'Afrique, le chimpanzé est considéré comme tabou et ne pouvant pas être mangé, ces coutumes disparaissent et la consommation de viande de chimpanzé est chose courante.
Si au moment de l'abattage d'adultes, un ou des bébés peuvent être capturés vivants, cela donnera lieu à leur vente, essentiellement comme animaux de compagnie. Très souvent, ils ne sortent pas de leur pays d'origine. Ainsi le "bébé chimpanzé" est un sous-produit de la viande de brousse. Mais beaucoup de ces bébés mourront avant même d'avoir été recueillis. Et garder un chimpanzé en captivité devient vite "une galère" et pour l'animal et pour l'homme. Souvent ils sont gardés en captivité dans des conditions lamantables, attachés, mal nourris, voire battus. Certains auront la chance d'arriver dans un sanctuaire. Mais pour un chimpanzé accueilli dans un de ces quelques sanctuaires répartis en Afrique, on peut estimer que 10 autres individus seront morts.

ø La dégradation de leur habitat par déforestation et la fragmentation. Quelle que soit la cause de la déforestation (pour le bois-matériau, le bois -énergie, l'agriculture, l'exploitation minière, voire pétrolière..), non seulement des hectares de forêts sont détruites mais il y a aussi fragmentation des blocs forestiers restants. Ces morceaux de forêt sont souvent trop petits, trop pauvres pour permettre à une population de chimpanzés de vivre durablement. De plus, cette fragmentation amène les diverses populations de chimpanzés à avoir moins ou pas d'échanges, d'où une risque de consanguinité, préjudiciable à terme pour cette espèce.
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Ebola : cette fièvre hémorragique, due à un virus, a été observée pour la première fois en 1976. On observe des pics sporadiques de cette maladie essentiellement en Afrique centrale. Elle se caractérise par une fore mortalité. Il est difficile d'estimer son impact sur les populations de singes et de grands singes. Mais la déforestation, amenant à l'ouverture de pistes dans les forêt, la chasse, s'accompagnat du déplacement de cadavres potentiellement contaminés sont autant de facteurs aggravants, car favorisant la dissémination de cette maladie d'une population de singes ou d'hommes à l'autre.
D'autres maladies sont aussi d'actualité, comme le charbon bactérien.
Déforestation,dégradation de l'habitat,bracconage,propagation facilitée des maladies : tous ces problèmes sont liés au développement d'activités humaines,le plus souvent menées de fonction anarchiques et non réfléchies. Ces menaces pèsent aussi bien sur le chimpanzé que sur d'autres espèces d'animaux : gorille, éléphant, buffle, félins, oiseaux, reptiles... Mais ne nous le cachons pas, parmi les espèces menacées ici, on compte aussi un autre primate : l'homme !

Solutions et programmes
ø A défaut, le but à atteindre est simple à formuler : permettre à des chimpanzés libres et en bonne santé de vivre dans un environnement naturel viable.
Mais les solutions à mettre en place sont plus difficiles. Mais si la situation est grâve, il est possible d'agir, aussi bien au niveau des états que des individus. Les solutions à développer peuvent aussi bien porter sur une approche globale que sur un problème spécifique. Chacun et chaque action a sa place.
ø La lutte contre le braconnage, la déforestation sont ainsi en priorité l'objet des pays. La très grande majorité des nations d'Afrique tropicale disposent d'un cadre législatif conséquent portant sur la chasse ou l'exploitation des ressources forestières, législation souvent mal appliquée. Mais la majorité des pays où vivent des chimpanzés sont en voie de développement et ont des moyens limités. Aussi, au delà des nécessaires mesures de police, il faut veiller au développement durable de ces nations. L'anti-braconnage et la lutte contre la déforestation sont aussi du ressort des pays dits développés, notamment en luttant sur leur territoire contre le traffic d'animaux exotiques ou en repensant leur demande en bois tropicaux.
ø Par ailleurs, la part des aires protégées augmente en Afrique centrale. De plus en plus, pour une meilleure action, des programmes de conservation sont développés à l'échelle de plusieurs pays, voire à l'échelle de l'Afrique tropicale. On peut citer le Great Apes Survival Project (GRASP) développé par l'UNEP (Programme pour l'Environnement des Nations Unies) ou l'Initiative "bassin Congo". (Nous vous proposons de consulter "le plan d'action régional pour la conservation des chimpanzés et gorilles en Afrique centrale")
ø Mais l'individu peut aussi agir : sur place, mais aussi dans les pays développés. Chacun peut agir à son niveau, pour l'avenir des chimpanzés mais aussi, et par la même occasion pour l'avenir de l'homme sur cette planète : limitation et tri de ses déchets, achats dès que possible de bois ou produits dérivés issus de forêts exploitées de façon raisonnée, limitation de comportements à forts impacts sur l'environnement, notamment limitation de la consommation de pétrole et dérivés, ne pas acheter d'animaux sauvages, notamment au cours de ses voyages en pays tropicaux...
Les associations et les ONGs sont aussi des acteurs privilégiés, à l'origine de nombreuses initiatives positives, sur place et aussi hors des pays concernés. Par exemple, ces structures sont à l'origine du développement des sanctuaires pour primates en Afrique, mais aussi des campagnes de sensibilisation ayant permis l'implication des pays développés, principaux bailleurs des programmes de conservation des primates.

ø Les sanctuaires
Ces infrastructures ont pour but l'accueil dans leur pays d'origine de chimpanzés et autres primates vivants issus du braconnage. Près d'un millier de chimpanzés vivent actuellement dans des sanctuaires en Afrique. Solution d'urgence pour des individus captifs sans avenir immédiat, ils mènent pour la majorité des missions multiples : accueil et soins de primates, sensibilisation, soutien aux autorités locales dans leur action contre le braconnage, ne serait-ce qu'en offrant une solution pour les primates saisis par les autorités.
La nourriture pour les chimpanzés captifs est un des postes budgétaires majeurs pour les sanctuairesLa majorité de ces sanctuaires sont regroupés en Afrique dans un même réseau : PASA pour Pan African Sanctuary Alliance, dont fait partie H.E.L.P. Congo.
Reste que les sanctuaires ne sont là que pour répondre à un besoin d'urgence. Or, un chimpanzé peut vivre plus de 40 ans en captivité et on estime qu'il faut 10 dollars américains par jour pour entretenir un de ces grands singes vivant dans un sanctuaire. Quel avenir pour tous ces chimpanzés captifs en sanctuaire ? Comment limiter le flot de nouvels arrivants? Autant de questions essentielles.
ø La réintroduction en milieu naturel de chimpanzés
La réintroduction peut être vue comme une solution durable pour les chimpanzés vivant en sanctuaire. Mais une des règles essentielles de tous programmes de réintroduciton d'animaux est qu'il faut tout faire pour limiter les risques pour l'environnement mais aussi pour l'individu relâché. Aussi, cette alternative a longtemps été considérée comme impossible par beaucoup, notamment à cause des caractéristiques de l'espèce "chimpanzé", avis conforté par les expériences passées. Ainsi, diverses expériences de ce type ont eu lieu mais sans résultat probant. Entre 1966 et 1990, on peut en citer quatre :

      · Le premier concerne 17 chimpanzés qui ont été relâchés de 1966 à 1969 sur l'île Rubondo (2400 ha) du lac Victoria en Tanzanie. Ces singes avaient passé entre 3 mois et 10 ans en captivité et étaient âgés de 4 à 12 ans. Ces animaux provenaient pour la plupart de zoos européens désireux de se débarrasser d'animaux jugés trop dangereux. Malheureusement, aucun suivi scientifique n'a été entrepris et aucun recensement précis n'a été fait. En 1985, on y comptait une vingtaine d'individus, ce qui en plus de 16 ans prouve que la mortalité a été très forte.
      · En 1968, neuf chimpanzés, provenant d'un laboratoire de recherche médicale et âgés de 4 à 8 ans ont été relâchés sur l'île d'Ipassa (65 ha) du fleuve Ivindo au Gabon. L'observation du groupe a prouvé qu'ils se comportaient pour la majorité comme des chimpanzés sauvages mais étaient tout de même dépendants d'un apport de nourriture. Le suivi a duré jusqu'en 1978, où la baisse du niveau des eaux ayant entraîné la fuite de deux individus, les autres ont été recapturés.
      · Aux débuts des années 70, dans le Parc national du Niokolo-Koba, aux monts Assirik (Sénégal), un projet de réhabilitation fut entrepris par Stella Brewer. Des humains prirent en charge l'apprentissage des jeunes chimpanzés quant au choix de la nourriture (plantes comestibles) et à la construction de nid. Par la suite, les individus devenant de plus en plus indépendants, s'habituaient à la liberté jusqu'au jour où des individus sauvages les ont attaqués. Ceci amena le placement en 1979 de ces mêmes ex-captifs sur les îles Baboon du fleuve Gambie, venuant gonfler le nombre d'individus déjà élevé sur ces îles.
      · C'est en 1978 que le VILAB (Laboratory of Virology of the New York Blood Center) a entrepris durant 10 ans le relâché de 58 chimpanzés sur 3 îles de 6, 27 et 28 ha au Liberia. Ces animaux avaient été utilisés pour des tests de vaccination contre l'hépatite. Le but premier de ces relâchers était de constituer une colonie reproductrice pour le laboratoire. Malheureusement, l'échec du premier relâcher se caractérisa par la mort par noyade de nombreux individus. Ce taux de mortalité fut ramené à 25% lors du dernier relâcher. Grâce au suivi de certains individus portant un collier émetteur, il fut prouvé que ces animaux se nourrissaient de plantes sauvages et avaient même appris à casser des noix avec des pierres. Cependant ils devaient eux aussi toujours recevoir un approvisionnement régulier en nourriture. En 1990, la guerre civile interrompit brutalement cette expérience et tous les chimpanzés en furent victimes.
Dans ces quatre tentatives, les animaux n'ont jamais retrouvés une liberté complète et ils ont toujours été dépendants de l'homme.
Suivre les chimpanzés réintroduits pour voir comment ils s'adaptent se fait parfois dans des conditions difficilesDébut 2006, le programme de réintroduction de chimpanzés en milieu naturel du Projet H.E.L.P. est encore le seul au monde. L'envergure de ce programme, notamment son suivi scientifique des individus remis en liberté, et ses résultats positifs ont amené l'ensemble des spécialistes à reconsidérer leur position : de plus en plus, la réintroduction en milieu naturel est considérée comme possible et comme un outil, parmi d'autres, pour :
- contribuer à
la conservation de l'espèce chimpanzé,
- aporter une solution durable aux problèmes des sanctuaires.
Le projet H.E.L.P. est maintenant reconnu comme référence pour la réintroduction de chimpanzé par les spécialistes de l'UICN. A ce jour, nous avons fait école puisque divers projets de réintroduction sont à l'étude, certains sollicitant notre soutien à titre d'expertise.
Mais si nous sommes les premiers à défendre la réintroduction de chimpanzés en milieu naturel, nous sommes aussi les premiers à dire que ce n'est pas "la" solution miracle. Les sanctuaires ne devraient pas avoir à exister ! Le travail en amont des sanctuaires est donc essentiel : tout doit être fait pour que les chimpanzés restent libres dans leur forêts !

Plus d'information sur notre programme de réintroduction, cliquer ici.

 


© H.E.L.P. International - 2006 // mise à jour le 22/02/2007